ecarteur

La crise de l'UPR

Jean Dugenêt, le 28 avril 2020

ecarteur
coin haut gauche coin haut droit

Ce qui se passe à la direction de l'UPR est assurément stupéfiant. "Ni rire ni pleurer mais comprendre", selon la formule de Spinoza, doit être notre règle. Il est certes difficile d'expliquer les fondements de cette crise mais c'est cependant ce qu'il faut essayer de faire. Comment une opposition aussi violente à François Asselineau a pu se développer en silence au sein de ses plus proches collaborateurs. Je vais tenter quelques explications. Il est bon que tous les militants (de l'UPR et d'ailleurs) réfléchissent à cela et en discutent.

Il me semble qu'il y a une contradiction fondamentale dans la politique de l'UPR. C'est à dire une différence entre la politique qui est affichée et celle qui est pratiquée. L'UPR est pour un nouveau CNR. Soit ! C'est pour cela que j'ai été militant de l'UPR. Mais le CNR était un cartel d'organisations avec des programmes politiques très différents. Force est de constater que l'UPR ne fait rien pour construire un tel cartel d'organisations. L'UPR ne garde du projet du CNR que l'idée qu'il ne faut pas de "clivage gauche/droite". Mais en fait cette idée ne sert qu'à construire une organisation qui brasse très large : l'organisation de François Asselineau.

Le projet de construire un nouveau CNR qui ne serait qu'une seule organisation est voué à l'échec. Ce n'est pas ainsi que nous rassemblerons une force suffisante. Une organisation qui brasse large n'a rien de commun avec ce qu'était le CNR.

Du coup la stratégie de l'UPR est essentiellement électoraliste. Les militants, qui espèrent une victoire de l'UPR sur ce terrain, volent de déception en déception. Il ne peut pas en être autrement. Nous savons que jamais les médias aux mains des milliardaires ne permettront qu'un candidat du Frexit soit élu : pas plus en 2022, qu'en 2017 ou en 2027. D'ailleurs François Asselineau a dit : il n'y a que deux façons de prendre le pouvoir : les élections et le coup d'état. C'est bien évidemment faux. Voyez ce qui se passe dans le monde en vous déplaçant dans le temps et dans l'espace. La plupart des changements de régime adviennent à la suite de révolutions ou de grandes mobilisations sociales. Il en résulte que François Asselineau ne cherche pas à se situer par rapport aux luttes de classes. C'est la grande différence avec les marxistes qui considèrent que la lutte des classes est le moteur de l'histoire.

Il en résulte que le programme implicite de l'UPR est

bonapartiste. Il s'agit de porter à la tête de l'état un homme providentiel qui aura un fort pouvoir personnel (Un De Gaulle ou un Napoléon). D'ailleurs François Asselineau ne critique pas la Vème république qui était, à l'origine, taillée sur mesure pour le général De Gaulle.

En toute logique, le candidat à un rôle de Bonaparte, ne peut, comme le général De Gaulle, n'être qu'intrinsèquement anti-communiste. Le mot "socialisme" dans la bouche de François Asselineau désigne la pire des abjections. Il n'en parle que pour évoquer l'URSS de Staline et de Brejnev. Le seul point commun avec l'émergence du socialisme qu'avaient alors les pays de l'URSS était qu'ils avaient exproprié le capital. Les entreprises fonctionnaient sans qu'il y ait d'actionnaires. C'est ce qui soulevait la haine de tous les capitalistes et les anti-communistes du monde. Le retour au capitalisme consécutif à la "chute du mur de Berlin" n'est une défaite du mouvement ouvrier que sur ce seul point. Pour tout le reste, le régime de ces pays n'avait rien de commun avec le "socialisme" auquel aspire tous les militants du mouvement ouvrier ; une société sans classes, sans exploitation. Assimiler le "socialisme" aux dictatures staliniennes est une monstruosité.

L'UPR qui a un projet (non-dit) bonapartiste fonctionne elle-même sur un mode bonapartiste. Le président est élu par les militants et c'est lui qui choisit le Bureau National qui n'a pas le pouvoir de le démettre. En fait les militants élisent en même temps le Président et le Bureau National qu'il a choisi. Ce Bureau National est entièrement dans les mains du Président.

Il y a fort à parier que les militants choisis par François Asselineau pour être au Bureau National sont autant anti-communistes que lui quoi qu'il dise sur l'absence "de clivage gauche-droite". Je ne peux guère me mettre dans la peau de ces personnages mais il fort possible que des égos chez des défenseurs du capitalisme ne puissent supporter d'être uniquement les instruments d'un Bonaparte. C'est sans doute ici que se trouve les fondements de la crise actuelle de l'UPR.

Se greffe sur cette question fondamentale le problème des salariés de l'UPR car il semble qu'une cabale soit partie de l'un des salariés. Là encore il me semble qu'il y a sujet à réflexion et discussion. Pour ma part, je veux surtout essayer d'avoir les idées claires pour construire l'AGIMO. Il me

semble qu'il doit y avoir à ce sujet une totale transparence à l'égard des militants. Ce sont eux qui paient. Tous les profils de postes (ce que font les employés) et les salaires doivent être connus des militants. Il reste à définir dans quelles conditions cela doit être fait (lors des congrès par exemple). Il ne s'agit pas, par contre, de divulguer des renseignements personnels (le nom, le sexe...) sur les employés. Il faut limiter le plus possible le nombre de salariés car il me semble malsain que la politique (comme le syndicalisme) soit un métier. Tous les donneurs de leçon qui ont le verbe haut alors qu'ils ne subissent pas les contraintes ordinaires de l'exploitation sont, de mon point de vue, suspects. Je pense aux enseignants qui n'ont pas d'élèves, aux conducteurs de bus qui ne conduisent jamais de bus... La politique et le syndicalisme ne devraient jamais être un statut social. C'est pourquoi il me semble préférable de n'embaucher que des temps partiels qui garderont le statut social afférent à un autre emploi. Il est, par ailleurs, toujours préférable de chercher des solutions alternatives à l'emploi de salariés (bénévolat, intervenants extérieurs...) La gestion de sites webs, les interventions de youtubers, les pages et groupes de discussions des réseaux sociaux ou l'auto-édition sont de bons moyens de communications qui ne nécissitent pas d'employés.

Je tiens compte de ces réflexions dans ma décision de créer l'AGIMO mais je tiens à souligner que ma décision qui date du 9 avril 2020 (publication de l'article sur Agora Vox) est sans aucun rapport avec la crise que connait l'UPR et je ne retire rien à tout ce que j'ai dit sur la personne de François Asselineau. Je veux souligner au contraire que l'UPR a déjà beaucoup fait pour montrer la réalité de ce qu'est l'UE. François Asselineau a donné de grandioses leçons d'instruction civique dont l'intérêt va bien au-delà de l'UPR.

Je souhaite d'ailleurs que l'UPR s'engage nettement sur la voie de la construction d'un nouveau CNR et je garantis que nous serons ensemble sur cette voie. Cependant, ma décision de créer l'AGIMO est pleinement motivée comme cela est expliqué sur le site web de l'AGIMO qui est actuellement en construction. Nous allons l'étoffer mais l'essentiel est déjà expliqué. Notre action n'est nullement incompatible avec celle de l'UPR. La double appartenance est d'ailleurs admise du moins de notre point de vue. Maintenant, à l'inverse de l'UPR, l'AGIMO ne rassemble que des internationalistes c'est-à-dire des militants du mouvement ouvrier qui restent attachés à la perspective du socialisme.
coin bas gauche coin bas droit


Pour toute demande reportez-vous à la page "Contact"